RÉSUMÉ
Il n’existe ni regard idéal ni méthode pour analyser les œuvres en danse. Telle est la conviction portée par ce livre qui place l’inventivité du spectateur au cœur de l’analyse. Chacun y est invité à aiguiser son regard, à devenir plus autonome, en développant une relation personnelle aux œuvres. Isabelle Ginot et Philippe Guisgand exposent les enjeux de l’« analyse d’œuvres » en danse. En l’inscrivant au sein d’un champ plus vaste de pensée critique, ils dressent un état des lieux des modèles qui sous-tendent les pratiques existantes. Ils exposent surtout les partis pris de leur démarche : une approche fondée sur la perception du spectateur, dynamique et multiréférencée. Une expérience singulière et globale, à la fois sensible et cognitive. Leur « boîte à outils » constitue le cœur du livre. Pour engager le dialogue avec les œuvres, ils proposent deux voies d’entrée. Une première, tournée vers le regardeur, rassemble des outils et des situations pour explorer les effets de la proposition artistique sur sa perception. La seconde rassemble des outils qui s’inspirent des pratiques des danseurs et notamment des cycles Resources, Scores, Valuactions et Performance d’Anna et Lawrence Halprin. L’analyse d’œuvres est abordée par la notion de ressource, par le biais de partitions (de regard, d’écriture ou de recherche) et l’élaboration de performances qui sont autant de protocoles, de jeux, d’expériences permettant d’explorer les relations possibles avec les créations. Enfin, le livre met en lumière les différents usages sociaux et politiques de l’analyse. Car écrire sur la danse, débattre des œuvres et dialoguer avec elles sont autant de moyens d’innover au sein d’autres pratiques (ateliers du spectateur, échauffements, médiations, conférences, performances, accompagnements à la création, etc.). C’est ainsi que l’analyse d’œuvres vient s’ancrer dans un monde qui n’est pas seulement celui de la recherche, mais celui de tous, et que tout spectateur peut développer une lecture réfléchie des œuvres.