RÉSUMÉ
« Durant l’une de nos soirées de jeux surgit entre autres la question de savoir comment nous pourrions nommer nos activités. Ce n’était pas une école, ce n’étaient pas des cours dans lesquels quelque chose était enseigné et appris. C’était décidément une danse communautaire, mais pas une danse artistique ou une danse de société au sens traditionnel. Les gens qui venaient à nous ne voulaient pas non plus devenir des danseurs professionnels. […] Alors, surgie de quelque part, une voix dit : ‘‘En fait, nous sommes un chœur de mouvements.’’ »
C’est ainsi que le danseur, chorégraphe et théoricien Rudolf von Laban raconte l’apparition du terme « chœur de mouvements » pour désigner une nouvelle forme de danse de groupe qui fleurit, dès le début des années 1920, et va mobiliser toute une constellation de danseuses, danseurs et pédagogues dans de nombreuses villes européennes, principalement en Allemagne.
Soulignant l’hétérogénéité et la multiplicité de ces pratiques, ce livre montre comment ces danses chorales déplacent bien des oppositions catégorielles : entre danse et gymnastique, amateur et professionnel, écrit et oralité, tradition et modernité, improvisation et composition. En resituant les chœurs de mouvements dans leur contexte historique et en faisant dialoguer partitions chorégraphiques, textes, photographies – issues des archives d’Albrecht Knust déposées à la médiathèque du CN D – avec d’autres sources plus académiques, il apporte une contribution inédite à l’histoire culturelle de l’Allemagne des années 1920 et 1930.