RÉSUMÉ
Il n’y a pas de bibliothèque du mouvement, de lieu où les œuvres chorégraphiques trouveraient à se conserver, identiques à elles-mêmes et offertes à tous. C’est un fait. Rien qu’un fait. Mais qui engage énormément.
En premier lieu: l’incapacité de la philosophie et de l’esthétique à penser les pratiques chorégraphiques selon le régime commun de l’œuvre. C’est toujours d’un autre espace que la danse semble relever, à la fois plus frivole et plus fondamental, toujours en deçà ou au-delà du projet de l’œuvre. Cette absence d’œuvre, abstraitement mise au jour par la philosophie, nous tentons de l’analyser en une première partie.
De là, il s’agit d’articuler un autre concept, connexe mais différent: celui de désœuvrement. Les écrits philosophiques sur la danse assignent la pratique du mouvement à une pure et simple absence de production, à l’expérience de la dépense et de l’auto-affection. Nous soutenons que ce philosophème (abstraitement nommé absence d’œuvre) ne fait que réfléchir dans l’ordre du discours une fragilité interne et propre aux œuvres chorégraphiques, fragilité que nous nommons: désœuvrement.