SUMMARY
Entre les deux guerres mondiales, la pratique des danses de société à Paris connaît une mutation sans précédent en raison de l’introduction de genres provenant des Etats-Unis (fox-trot, shimmy, charleston…), de la zone caribéenne (biguine, rumba…) et d’Amérique du Sud (tango, samba…). Au lendemain de l’armistice, le dancing, lieu privilégié de la pratique des danses nouvelles, propose au public un contexte attrayant. Accueillant des orchestres de jazz, de tango ou de musique antillaise, il fait concurrence aux grands bals hérités de la Belle Epoque ainsi qu’aux bals populaires et se distingue par une mixité sociale, générationnelle et ethnique inédite. Comment la société parisienne s’approprie-t-elle ces danses des Amériques ? Quels en sont les passeurs (musiciens, danseurs…) ? En quoi les innovations techniques (disque, radio, cinéma) ont-elles permis la fixation ainsi que la médiatisation de genres illégitimes dans leur territoire d’origine ? A travers l’analyse des pratiques et des imaginaires, il s’agit aussi de comprendre comment, malgré les résistances de toutes sortes (nationalistes, corporatistes, puritaines, xénophobes, etc.), ces danses ont rencontré un succès phénoménal, comment ces Amériques à la culture métisse sont devenues des modèles durables en matière de pratiques sociales de danse et comment ces nouvelles formes ont modifié en profondeur les rapports des Français et des Françaises au corps, au rythme et au couple dansant.