SUMMARY
L’historienne et critique d’art revisite, avec sa mémoire de témoin, les liens entre art et activisme durant les «années sida» en France et aux États-Unis. Composé de textes monographiques, d’entretiens et d’essais thématiques, cet ouvrage rédigé à la première personne rend compte d’une créativité artistique et activiste née de l’urgence de vivre et du combat pour la reconnaissance de tous·tes.
Restituer la parole des ami·e·s de lutte, articuler les «je» et «nous» d’alors et d’aujourd’hui, faire retour sur des faits et affects peu connus du public français, analyser l’«épidémie de la représentation» consécutif à l’apparition du sida: telle est l’entreprise de cet ouvrage, conçu par Elisabeth Lebovici comme un véritable «discours de la méthode» où, toujours, le personnel est politique, le public et le privé s’intriquent. Engagée aux côtés des activistes français et américains de la lutte contre le sida, observatrice privilégiée, en tant qu’historienne de l’art et journaliste, des débats et enjeux des années 1980 et 1990, l’auteure analyse ce moment charnière des liens entre art et activisme, qu’elle revisite avec sa mémoire de témoin, en survivante affectée.
Monographies, entretiens et essais thématiques composent ce volume, rédigé de manière assumée – la seule possible – à la première personne. Il propose ainsi, dans un va-et-vient constant entre les États-Unis et la France, une cosmologie élective : ACT UP, les « arbres téléphoniques », Richard Baquié, Gregg Bordowitz, Alain Buffard, Douglas Crimp, les «enterrements politiques», General Idea, Nan Goldin, Félix González-Torres, Gran Fury, L’Hiver de l’amour, Roni Horn, Eve Kosofsky Sedgwick, Zoe Leonard, Mark Morrisroe, William Ollander, le «Patchwork de noms», The Real Estate Show, Lionel Soukaz, Philippe Thomas, Georges Tony Stoll, Paul Vecchiali, David Wojnarowicz, Dana Wyse, les zaps, etc.
Illustré par de nombreuses archives et ephemera qui soulignent l’importance du graphisme dans la lutte contre le sida, Ce que le sida m’a fait est un ouvrage nécessaire pour comprendre les «années sida», cette période d’une créativité artistique et activiste née de l’urgence de vivre et du combat pour la reconnaissance de tous·tes.