SUMMARY
“Un son isolé n’est en lui-même ni musical, ni non musical. C’est simplement un son. Et, peu importe sa nature, il peut devenir musical en trouvant sa place dans un morceau de musique. Avec cette façon de voir, la définition de la musique que m’avait inculquée ma tante Phoebe était nécessairement remise en cause. D’après elle, la musique se composait de mélodie, d’harmonie et de rythme. Pour moi, elle était désormais l’organisation du son, plus précisément l’organisation par n’importe quel moyen de n’importe quel son. Cette définition présente l’avantage d’être large, au point d’inclure toute musique qui n’a pas recours à l’harmonie, soit, sans doute, la majeure partie de la musique composée sur cette planète.”
Dans cette conférence donnée à New York en 1948, John Cage jette un regard lucide sur les débuts de sa carrière ponctués d’anecdotes édifiantes. C’est avec la plus totale sincérité que John Cage décrit ici le cheminement qui l’a conduit à devenir compositeur. Il a d’abord commencé par des études d’architecture. À ce sujet, il raconte, non sans humour, un voyage en France, pays qui lui sembla totalement recouvert d’architecture gothique ! Mais très vite, il se tourne vers la peinture et la composition. Il détaille ses influences, ses préoccupations et ses envies. L’éventail de ses références est à cet égard vertigineux : les mouvements de la danse moderne, le jazz, les futuristes italiens ou encore les rites des Indiens Navajo. Sans crier gare, il livre là, de manière extrêmement limpide, une théorie de la musique avant tout tirée de son expérience. On y apprend notamment que sa musique était diffusée à la radio durant la guerre pour démontrer que l’Amérique aimait l’Orient… John Cage se révèle ici, outre un “maître du hasard” à la manière de Duchamp, un immense pédagogue.