SUMMARY
L’hypothèse défendue par Le Toucher du monde tient dans l’idée que la technique ne découle pas de propriétés spécifiques de l’homme mais articule l’advenue au monde de tous les existants, humains et non humains, vivants et non vivants : elle articule le déploiement du naturer. Le naturer dit moins la nature comme totalité observable ou quantifiable que le mouvement incessant de co-émergence des corps. En proposant une approche non anthropocentrique de la nature, Le Toucher du monde tente d’ouvrir une voie entre sa conception moderne, qui suppose la possibilité de son appropriation sans limite, et les propositions ambiguës d’un retour à un « ordre naturel ». Suivre cette voie implique de se défaire de tout un ensemble de schèmes théoriques portés par une longue tradition de la pensée occidentale. Mais ce geste critique s’avérerait insuffisant s’il n’accompagnait pas la réinvention d’un rapport sensible au monde, c’est-à-dire d’autres manières de faire l’expérience de l’espace et du temps. Par la rencontre avec différentes formes d’habiter et de faire monde, ce livre contribue aux élaborations contemporaines qui cherchent à rendre compte de la multiplicité des mondes en devenir.