RÉSUMÉ
Écosomatiques se penche sur l’interpénétration et la circulation de savoirs longtemps indifférents les uns aux autres : ceux issus des pratiques somatiques et d’une pensée des savoirs du corps expérientiels, et ceux issus d’une pensée écologique et politique qui se soucie du devenir de nos sociétés et de la planète, et cherche des ressources à la fois scientifiques, économiques, politiques. Les artistes, et en particulier les danseurs contemporains, ainsi que les praticiens des somatiques sont les acteurs de cette circulation. Ainsi se développent, depuis plus d’une vingtaine d’années, des projets artistiques mobilisant conjointement les éléments d’une « esthétique verte », des pratiques somatiques qui pensent le corps à partir de son expérience — c’est à dire comme immergée dans un milieu. Dans la diversité de ces pratiques, se distinguent des pratiques corporelles qui remettent en cause les normes techniques et esthétiques ; des performances tournées vers une lecture des espaces (urbains, naturels, privés, publics) rendant visibles la multitude des éprouvés et des savoirs du corps en jeu ; des formes d’activismes socio-écologistes empruntant des méthodologies de l’artiste ou des somatiques ; des pratiques somatiques tournées vers le prendre soin des plus vulnérables (de la petite enfance à la pauvreté), des scientifiques qui cherchent de nouvelles ressources dans les pratiques des danseurs… il s’agit là d’un mouvement diffus, très contemporain, mais de plus en plus visible, qui porte des questions aussi bien d’esthétique que de sciences du vivant ou de lecture politique.2